INSP - Institut National de Santé Publique : République de Guinée

Présentation du bilan du gouvernement dans le secteur de la sante depuis 2011 devant la presse par SEM le Ministre d’Etat, Ministre de la Santé

Parler de bilan demande de jeter un regard sur le point de départ, faire le constat du présent, tirer les leçons et se projeter dans l’avenir. C’est pourquoi le bilan du secteur sera articulé autour des points suivants :

  1. L’état des lieux en 2011,
  2. Les résultats obtenus de 2011 à 2018,
  3. L’analyse comparative ;
  4. Les perspectives 2019 – 2020.

I.ETAT DES LIEUX  DE LA SANTE

 En prenant le pouvoir en 2011,  malgré les efforts fournis avant, la situation sanitaire dans le pays se caractérisait par une prévalence élevée des problèmes de santé.

 Le taux de mortalité maternelle était  à 980 pour 100 000 naissances vivantes, le taux de mortalité infantile à 98 pour mille, la prévalence du VIH à 1,5%, la prévalence du paludisme était  de 44% tandis que le risque d’infection à la tuberculose était  de 1,5%.

Cette situation était  influencée par de nombreux déterminants de la santé.

  • Sur le plan institutionnel, l’organigramme du Ministère de la santé ne permettait pas d’assurer l’efficacité du système. Il existait  de nombreux projets et programmes ayant une faible efficacité dans la lutte contre la maladie.
  • En matière de promotion de la santé, la participation des communautés à la gestion de leur santé restait théorique, car celles-ci n’avaient  pas d’emprise réelle sur le fonctionnement des Centres de santé et des hôpitaux. Le secteur privé n’était pas impliqué dans la mise en œuvre de la politique nationale. En outre, les programmes de promotion de la santé ne ciblaient  pas les comportements défavorables à la santé, en vue de leur modification.
  • Dans le domaine de la gestion des ressources humaines, les affectations étaient orientées essentiellement sur la capitale. En effet 50 % des médecins et sages-femmes, 38 % des Aides de Santé du pays se trouvaient à Conakry.
  • Dans le domaine de l’offre de soins, de nombreuses infrastructures ne répondaient  pas  aux normes techniques requises  pour assurer une prise en charge adéquate des malades. Le niveau d’équipement des hôpitaux était
  • Sur le plan pharmaceutique, la chaine d’approvisionnent n’était pas bien structurée. Le marché illicite du médicament avait  pris de l’ampleur au point de constituer un danger pour la santé publique et une source de faillite pour de nombreuses pharmacies privées.
  • En matière de financement de la santé le budget alloué au secteur ne représentait que 2,27% du budget national contre 15% recommandés par les Chefs d’état africains.

II.BILAN DEPUIS 2011

Pour corriger la situation existante à l’époque, la troisième république sous la mandature du Professeur Alpha CONDE a élaboré  une politique nationale  de santé et un Plan national de développement sanitaire qui s’articulent  essentiellement autour programmes suivants :

  1. La lutte contre la maladie, la mortalité infantile et maternelle ;
  2. Le renforcement des capacités en ressources humaines ;
  3. L’amélioration de la disponibilité et de l’utilisation des produits pharmaceutiques
  4. L’amélioration de la qualité des services et de l’offre de soins ;
  5. La promotion et de la santé y compris l’hygiène publique ;
  6. L’amélioration de la gouvernance

Par rapport à ces axes  stratégiques, de 2011 à  2018, le gouvernement a réalisé des avancées significatives.

Dans le domaine du Renforcement de la Surveillance et de la Gestion des Situations d’urgences :

  • L’Agence nationale de Sécurité Sanitaire a été créée en 2016 à la suite de la terrible épidémie de la maladie à virus Ebola, permettant au pays de disposer d’un Centre opérationnel d’intervention en cas d’urgences sanitaires et d’autres événements de santé publique.
  • 38 Centres de Traitement Epidémiologique (CTEPI) ont été construits dans le cadre de la préparation aux situations d’urgence ;
  • 8 équipes régionales et 38 équipes préfectorales d’alerte et de riposte contre les épidémies (ERARE et EPARE) ont été créées et dotées en moyens d’investigation et d’intervention rapide.

 Dans le domaine de la santé de la mère et de l’enfant :

  • Les Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence (SONU) ont été rendus gratuits. A cet effet, il a été créé les conditions de la prise en charge gratuite des femmes en  grossesse à travers l’achat et la distribution à tous les centres de santé et hôpitaux publics, par la PCG  de kits pour les Soins Obstétricaux et néo-natals d’Urgence (SONU).

Dans le domaine du développement des ressources humaines

  • Afin d’améliorer la sécurité sanitaire et les principaux indicateurs de santé de la population guinéenne, le Gouvernement a procédé au recrutement  de 4 200 nouveaux agents de santé à la Fonction Publique,  permettant de faire passer les effectifs en   de 8 823 à 12 377.
  • Les nouveaux agents recrutés ont été affectés à 90% dans les structurées sanitaires de l’intérieur du pays pour améliorer l’accessibilité aux soins de qualité. Cette mesure a permis d’augmenter la densité du personnel en de nombreux endroits du pays.

Dans le domaine du financement

  • Par rapport au budget global du pays, celui  du secteur de la santé a connu une progression importante passant de  81 Milliards, soit  2, 27 % en 2011 à 1325milliards, soit  7, 41% en 2018.

En matière d’amélioration des infrastructures et des équipements

  • Il a été construit ou rénové 223 centres de santé, 6 Centres de Santé Améliorés, 7 hôpitaux préfectoraux, un Centre national d’hémodialyse, l’hôpital national de Kipé et celui de Donka qui est en cours d’achèvement.
  • Ces travaux ont été accompagnés par l’achat et la distribution par la PCG de 900 kits équipement général et de 400 kits équipement médical.
  • Sur le plan logistique, le Gouvernement  a mis à la disposition des structures de santé 402 véhicules 4×4, 81 ambulances, 18 camions d’approvisionnement et 1 105 motos pour les stratégies mobiles des agents de santé de terrain. 1 340 réfrigérateurs sont en cours de livraison et d’installation pour améliorer la stratégie nationale de vaccination.

 Dans le domaine de la recherche et du système d’information

  • Un système de collecte et de traitement informatisé et rapide de l’information sanitaire(DHS2) a été déployé dans les 33 Préfectures et 5 communes de Conakry.
  • Le Centre de recherche de Maférinyah a été rénové et équipé.

III.EVOLUTION DES RESULTATS

L’analyse ces résultats en 2018  par rapport à la situation de départ en 2011, permet de constater des évolutions positives en termes de mobilisation de ressources, de création de structures, d’utilisation des services et d’amélioration de l’État de santé des populations.

Quelques chiffres permettent de s’en rendre compte : comme le montre le tableau ci-dessous :

  • Le pourcentage du budget alloué au secteur de la santé dans le budget national est passé de 2,27 en 2010 à 7,4 en 2018
  • L’effectif du personnel de santé est passé de 8823 en 2010 à 12377 en 2018
  • Le nombre de santé de santé mis aux normes est passé de 98 en 2010 à 321 en 2018
  • Le nombre d’hôpitaux préfectoraux et régionaux rénovés est passé de 9 en 2010 à 28 en 2018
  • Le nombre de centre de traitement des épidémies est passé de 0 à 38 en 2018
  • Le nombre de malades consultés dans les formations sanitaires est passé de 1 224 334 en 2010 à 2 345 756 en 2018
  • Le nombre d’accouchements assistés est passé 109 657 à 231 834 en 2018
  • Le taux d’occupation moyen des lits d’hospitalisation est passé de 52% en 2010 à 72% en 2018
  • L’incidence du paludisme est passée de 44% en 2012 à 15% en 2018
  • La mortalité infantile est passée de 67 pour 1000 naissances vivantes en 2010 à 44 en 2018
  • La mortalité maternelle est passée de 724 pour 100 000 naissances en 2010 à 550 en 2018

III. DEFIS ET PERSPECTIVES

Malgré les progrès enregistrés au cours de ces dernières années, le secteur reste encore confronté à des défis qui ont pour noms :

  • La faible participation des communautés dans la gestion des problèmes de santé,
  • la faiblesse du mécanisme de redevabilité ;
  • L’insuffisance de l’offre des soins en infrastructures sanitaires normalisées pour répondre à tous les besoins ;
  • L’insuffisance de  personnel de santé ;
  • la moralisation des professions de la santé ;
  • le développement du marché illicite, la prolifération des structures privées.

Par rapport à ces problèmes, les perspectives pour les prochaines années seront bâties autour des principes du développement de la santé publique. Ces principes sont (1) la mise en avant de la prévention par rapport aux soins,  (1) la recherche de l’efficience dans l’utilisation des technologies, (3) le développement des soins centrés sur les personnes et les services intégrés, (4) le renforcement de la participation communautaire à travers la décentralisation,  (5) le développement du partenariat avec le secteur privé et les autres secteurs connexes, l’amélioration de la gouvernance du secteur.

Dans ce cadre, les programmes prioritaires seront :

  • La réforme de la gouvernance sanitaire : Elle mettra l’accent sur l’alignement des interventions dans le souci d’une meilleure coordination,  l’harmonisation des outils  et des approches de travail,  l’introduction de la motivation basée sur les résultats. Parallèlement,  les  fonctions d’audit et de contrôle  par l’Inspection générale de la Santé seront renforcées.
  • La promotion de la santé publique : Elle se fera à travers le renforcement de la collaboration entre les différents Départements, les participations citoyenne et l’utilisation plus accentuée des écoles et moyens de communication dans la sensibilisation des populations.
  • Le développement de la santé communautaire : Elle consistera à l’intégration des prestations de santé dont la mise en œuvre sera faite  sous la responsabilité  des communautés par  des relais communautaires et des agents de santé communautaire, les postes de santé et les centres de santé. Il s’agira de responsabiliser les communautés dans la gestion de leurs problèmes de santé.
  • L’amélioration de l’offre de soins : Il s’agira de poursuivre la réalisation et l’équipement des infrastructures sanitaires, en particulier des Centres de Santé de proximité et d’améliorer l’accessibilité géographique des populations à des soins de proximité. Parallèlement  des nouveaux hôpitaux seront construits, notamment : des hôpitaux préfectoraux,  des Centres hospitalo-Universitaires régionaux,  l’hôpital national Ignace Deen.
  • Le renforcement des ressources humaines : Il reposera sur le développement du recrutement local des agents de santé, la formation basée sur les compétences dans des structures appropriées et la fidélisation du personnel au poste de travail à travers des mesures incitatives comme :(1) la révision des primes d’installations, d’éloignement et de risques,  (2) la mobilité des agents et les encouragements sous forme de gratification, de voyages d’études et de formation.
  • La lutte contre la corruption et la surtarification : Elle consistera à actualiser la tarification, perdre des mesures disciplinaires contre les agents en faute, promouvoir les associations de défenses des droits des consommateurs et renforcer l’Inspection générale de la Santé.
  • Le contrôle du marché illicite des médicaments et prestations de soins : Il reposera sur le plan pharmaceutique en l’application des textes de la nouvelle loi pharmaceutiques, notamment la fermeture des sociétés grossistes non en règle,  le moratoire sur la délivrance des agréments, l’opérationnalisation de la brigade Médicine. Dans le secteur médical,  il est prévu de réaliser des contrôles  d’agréments, de conformité des pratiques, pouvant conduire à la fermeture des structures non en règle

Comme vous pouvez le constater, un long chemin a été parcouru depuis 2011. Mais beaucoup reste à faire encore parce que la santé n’est pas figée et acquise une fois pour toutes.  Elle demande un engagement  individuel et collectif de tous les jours. Dans cet engagement la presse en tant que véhicule de message de masse  a un rôle important à jouer.