INSP - Institut National de Santé Publique : République de Guinée

La Guinée élabore son plan d’action multisectoriel de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens

Le Ministère de la santé, à travers un appui technique et financier de Expertise France et du projet REDISSE de la Banque Mondiale organise du 9 au 12 juillet 2019, un atelier sur l’analyse situationelle de la résistance aux antimicrobiens en Guinée.Cet atelier est le début du processus d’élaboration du plan d’action multiserciel de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens en Guinée.

En plus du Conseiller Juridique,  Monsieur Souleymance Touré, représentant son S.E.M Le Ministre d’Etat,  de nombreux hauts cadres ont fait le déplacement dont entre autres Dr Younoussa Ballo, Conseiller en santé à la primature, Pr Abdoulaye Touré, Directeur Général de l’Institut national de santé publique, Dr Mamadou Saliou Bah, Directeur national des laboratoires, Pr Mandiou Diakité, Directeur national adjoint des labotatouées,  Dr Molou Doré, Directeur national adjoint des services vétérinaires. Des cadres de plus 10 départements ministériels, ainsi qu’une délégation de l’Ambassade de France en Guinée étaient présents.

Il est important de rappeler que les antimicrobiens jouent un rôle essentiel dans la diminution de la charge des maladies transmissibles. Cependant, le pouvoir curatif de ces médicaments sur les maladies infectieuses n’est pas infini.

En effet, les maladies infectieuses sont à nouveau devenues une menace du fait des résistances observées après plusieurs décennies d’utilisation souvent inappropriée des antimicrobiens, et des antibiotiques en particulier.

Les options de traitement pour les patients infectés par des bactéries multi-résistantes sont devenues de plus en plus limitées et épuisées dans certains cas où ces micro-organismes résistent à tous les antibiotiques disponibles, ce qui pourrait entraîner des prolongations de séjour hospitalier, des coûts importants des prestations et souvent la mort des patients.

Le contexte économique actuel oblige les populations notamment rurales à faire recours non seulement aux tradithérapeutes mais aussi aux médicaments non conventionnels.

Par ailleurs, la dissémination des micro-organismes résistants au sein des populations humaines et animales (transmission croisée), ou indirecte, via l’environnement, constitue l’autre facteur favorisant l’accélération du fléau.

La résistance aux antimicrobiens concerne cependant un large éventail de micro-organismes, et sa prévalence en augmentation menace la santé humaine, animale et environnementale.

A ce jour, les effets de la RAM, dépassent largement le seul cadre des risques sanitaires avec ses nombreuses conséquences sur le plan de la santé publique et aussi de larges répercussions sur le développement économique et social.

Ainsi, la résistance aux antimicrobiens est devenue un problème mondial de santé publique et a déclenché une réaction mondiale au niveau des Nations Unies matérialisée par la création d’une Alliance Tripartite constituée par l’OMS, la FAO et l’OIE. Cette Alliance a développé un modèle de plan d’action mondial (PAM) et mis à la disposition des Etats de très nombreux outils pour l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’action nationaux multisectoriels, selon une approche dite « One Health ».

Ce Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens a été adopté en 2015 par tous les pays, par l’intermédiaire de décisions de l’Assemblée mondiale de la Santé, de la Conférence de la FAO et de l’Assemblée mondiale des délégués de l’OIE. Les pays ont convenu d’élaborer des plans d’action nationaux (PAN) sur la résistance aux antimicrobiens (RAM) conformes au Plan d’action mondial, basés sur les nombreux outils proposés par l’Alliance et de mettre en œuvre des politiques en vue de prévenir, de combattre et de suivre la RAM.  Les objectifs stratégiques du plan d’action mondial de lutte contre la RAM sont les suivants :

  • Améliorer la sensibilisation et la compréhension de la résistance aux antimicrobiens grâce à une communication, une éducation et une formation efficace ;
  • Renforcer la base de connaissances et de preuves grâce à la surveillance et à la recherche ;
  • Réduire l’incidence de l’infection grâce à des mesures efficaces d’assainissement, d’hygiène et de prévention des infections ;
  • Optimiser l’utilisation des médicaments antimicrobiens dans la santé humaine et animale ;
  • Développer les arguments économiques en faveur d’un investissement durable qui tienne compte des besoins de tous les pays et augmente les investissements dans les nouveaux outils de diagnostic, des médicaments, des vaccins et autres interventions.

En Guinée, l’épidémie à virus Ebola qui a sévi de 2014 à 2016 a révélé à bien des égards des faiblesses du système de santé du pays. Ce constat a amené la création de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire parmi les priorités du pays.

Le processus d’évaluation externe des capacités du pays dans l’application du RSI a par la suite révélé les faibles capacités et parmi les recommandations, figurait en bonne place l’élaboration et la mise en œuvre d’un Plan Action National sur la RAM.

En République de Guinée, les activités de lutte contre la résistance antimicrobienne sont menées de façon timide surtout dans son volet sensibilisation des acteurs. A ce jour, il n’existe pas de réseau de surveillance de la résistance antimicrobienne et les données disponibles sont insuffisantes pour orienter les actions des décideurs.

C’est dans ce contexte que, Expertise France, en coordination avec le projet REDISSE, apporte un appui au Ministère de la Santé pour l’élaboration d’un plan stratégique multisectoriel de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, permettant d’instaurer un premier cadre réglementaire multisectoriel de lutte contre la RAM, en réponse aux recommandations de l’évaluation du RSI réalisée en Avril 2017.

Expertise France a mobilisé, dans le cadre de son projet pilote de lutte contre la RAM, une expertise spécifique composée d’un consultant national et d’un consultant internationale.

Une analyse approfondie de la situation sur le fardeau, la nature et l’étendue de la résistance aux antimicrobiens dans les secteurs de la santé humaine, animale, dans l’agriculture, la production alimentaire et l’environnement est essentielle à l’élaboration d’un PAN pertinent et fondé sur des données probantes. Il est en outre crucial que les représentants des secteurs/institutions impliqués dans la lutte contre la RAM, dûment mandatés et autorisés participent à cette activité afin d’élaborer un plan qui va refléter les priorités nationales, et qui par la suite sera aisément mis en œuvre de façon harmonisée par des acteurs qui s’en seront appropriés dès le début.

Objectifs de l’atelier d’analyse situationnelle de la RAM: cet atelier avait pour

Objectif général de l’exercice d’analyse situationnelle est de déterminer le fardeau, la nature, l’étendue et les déterminants de la résistance aux antimicrobiens dans les différents secteurs de la santé humaine et animale, l’agriculture, la production alimentaire et l’environnement, ainsi que les capacités à y faire face.

Objectifs spécifiques visent à :

  • Identifier le fardeau de la résistance aux antimicrobiens dans les différents secteurs du développement ; – Identifier la nature des antibiotiques résistants utilisés dans le pays ; – Identifier l’étendue des antibiotiques résistants parmi celles qui sont utilisées dans le traitement des espèces ; Identifier les déterminants de cette résistance aux antimicrobiens ; – Identifier les axes stratégiques d’interventions prioritaires basés sur des données factuelles, en vue de l’élaboration d’un plan national stratégique multisectoriel ; – Informer les équipes sur les directives opérationnelles, les manuels, les ressources et les outils nécessaires pour une réalisation efficace de l’activité
  • Identifier les mécanismes de collaboration multisectorielle pour assurer l’appropriation du PAN ; – Réaliser une analyse des Forces, Faiblesses, Opportunités et Menaces qui sont en présence dans le pays

Atelier d’élaboration du PAM de la RAM

Atelier RAM à Kindia