INSP - Institut National de Santé Publique : République de Guinée

Atelier Sous-Regional sur la résistance aux antimicrobiens (RAM) en Afrique de l’ouest

Du 5 au 7 mars 2019, une délégation guinéenne composée de l’INSP, de la Direction Nationale des services vénétrinaires, de l’agriculte et de l’environnement a pris part à l’atelier sous régional consacré à l’Utilisation des Antimicrobiens (UAM) et à la Résistance Animicrobienne (RAM). Cet atelier organisé par la FAO  s’est déroulé du 5 au 7 mars 2019 à Ouagadougou.

En effet, la résistance antimicrobienne (RAM) est un problème mondial qui menace la vie de millions de personnes. Elle met en danger l’économie de plusieurs pays sur tous les continents. Elle est occasionnée par divers facteurs tels que la pression sélective naturelle, mais en partie, elle est une conséquence directe des actions humaines, telles que l’utilisation inappropriée d’antimicrobiens (y compris les antibiotiques) dans les secteurs de la santé humaine et animale, la production animale, l’agriculture, l’élevage, l’aquaculture et l’environnement. Cette utilisation inadéquate est favorisée par des facteurs comme l’absence de règlementation, le mauvais suivi du traitement recommandé par les agents de santé, l’utilisation non thérapeutique, les ventes illicites, et la disponibilité d’antimicrobiens contrefaits. La RAM rend le traitement de certaines infections inefficace, entrainant une mortalité accrue, des maladies plus graves ou prolongées, des pertes de production, ainsi que des problèmes de sécurité sanitaire des aliments. Les coûts plus élevés des traitements, des soins de santé et des pertes de production ont également un impact économique défavorable.

La présence de microorganismes résistants (bactéries, champignons, virus, parasites) dans un secteur peut facilement être transférée dans un autre, par exemple, par la chaîne alimentaire, l’approvisionnement en eau. De plus, la RAM peut être transférée d’un pays à l’autre par le biais des échanges commerciaux et des mouvements de populations. Les efforts pour lutter contre la RAM dans un seul secteur ne peuvent ni empêcher ni éliminer le problème de façon efficace. Par conséquent, tous les secteurs et tous les pays doivent s’attaquer au problème afin d’obtenir des résultats positifs. Afin de prévenir le développement et la propagation de la RAM et pour une gestion rationnelle de celle-ci, il est donc important d’utiliser une approche multisectorielle telle que celle du One Health.

Pour lutter efficacement contre la RAM et prévenir les infections humaines et animales dues aux germes résistants, l’Organisation mondiale de la santé(OMS), en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture(FAO) et l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), a élaboré un plan d’action global (GAP, adopté en mai 2015) visant à lutter contre la RAM. Conformément au GAP, la FAO a élaboré un plan d’action pour la période 2016-2020 afin d’aider à lutter contre la RAM dans les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture. Ce plan d’action soutient les quatre domaines d’intervention suivants :

  • la sensibilisation au problème de la RAM et aux menaces connexes ;
  • le renforcement des capacités de surveillance et de suivi de la RAM et de l’utilisation des antimicrobiens (UAM) dans le secteur de l’alimentation et de l’agriculture ;
  • le renforcement de la gouvernance relative à l’UAM et à la RAM dans le secteur de l’alimentation et de l’agriculture
  • la promotion de bonnes pratiques au sein des systèmes alimentaires et agricoles ainsi qu’une utilisation prudente des agents antimicrobiens.

En Afrique, comme dans le reste du monde, la RAM est un problème sérieux et plusieurs organisations telles que l’Union africaine (UA), l’OMS, la FAO, l’OIE et REACT-Africa ont mené diverses activités visant à atténuer le problème. Plusieurs pays d’Afrique de l’Est et australe ont élaboré et mis en œuvre des stratégies qui ont permis une meilleure gestion de la RAM dans certains secteurs. En Afrique de l’Ouest, le Ghana est l’une des meilleures références en matière de lutte contre la RAM, mais de nombreux pays sont toujours au début de l’élaboration et/ou de la mise en œuvre de stratégies pour faire face au problème.

En raison du commerce extensif et des déplacements importants de personnes, de bétail et de produits alimentaires à travers l’Afrique, un seul foyer épidémique impliquant un microorganisme résistant peut se propager rapidement au-delà des frontières et des régions et causer des dommages graves pouvant être irréversibles. Par conséquent, il est urgent et nécessaire que toutes les régions d’Afrique soient bien préparées avec des stratégies adéquates pour lutter contre la RAM.

C’est dans ce contexte que la FAO a réuni des pays, des institutions régionales et des partenaires de l’Afrique de l’Ouest afin d’examiner la situation actuelle dans la région pour mieux identifier, hiérarchiser et harmoniser les initiatives et activités collaboratives pouvant contribuer à lutter efficacement contre la RAM et l’utilisation abusive des antimicrobiens. La participation des institutions régionales est cruciale car elles jouent un rôle important en aidant les membres à s’attaquer à différents problèmes et sont donc un moyen approprié de s’attaquer efficacement à la RAM dans les Etats membres.

Cet atelier avait pour objectif général d’améliorer la coordination et l’harmonisation des stratégies au niveau national et régional et d’identifier les domaines et les instruments juridiques pertinents pour la RAM et l’UAM en Afrique de l’Ouest. Il s’agissait de façon spécifique :

  • D’identifier le rôle des institutions régionales dans l’initiation de stratégies de collaboration sous-régionales pour soutenir les Etats membres ;
  • De partager les expériences spécifiques aux pays, les meilleures pratiques, les succès et les défis liés à l’utilisation de l’approche One Health pour lutter contre la RAM et l’utilisation imprudente et abusive d’antimicrobiens ;
  • D’identifier, hiérarchiser et harmoniser les initiatives et activités collaboratives sous-régionales ;
  • De faciliter un meilleur réseautage sous-régional grâce à la création d’un groupe de travail sous-régional et interinstitutionnel sur la RAM, avec les institutions régionales comme leaders ;
  • D’identifier et discuter des questions de règlementation et des options pour résoudre le problème de la résistance antimicrobienne et de l’utilisation inadéquate des antimicrobiens.

 

La participation de la délégation guinéenne à cet atelier sous régional a été une opportunité pour apprécier le niveau d’avancement de notre pays dans la lutte contre la résistance antimicrobienne.